» APPELLE MOI FOLIE

« Mmm... Délicieux souvenir que le tien... Te rappelles-tu de notre première rencontre ? J'en suis certaine... Comment pourrions nous l'avoir oubliée ! Curieuse et élégante je me suis avancée; de ce même pas gracile et trop assuré. Tes prunelles magnifiques se sont posés en moi à la manière du plus doux des oiseaux; pansant une plaie que je croyais guérie : celle de l'incompréhension. A ce même instant, aussi fugace soit-il; j'ai compris que ma vie; ou du moins ma mort; ne serait rythmée que par tes respirations lentes et langoureuses. Car tu m'as apporté la plus délectable des impressions; celle d'être comprise et admirée, non pas pour cette vivacité d'esprit qui toujours effraie; mais pour la simple et modeste raison qu'en toi, j'ai réveillé le Cerbère de ton cœur. Qui de nous deux est la souris de ce funeste jeu enfantin ? Qui de nous deux saura courber l'échine sous le poids de ces sentiments trop humains pour nous appartenir ? »

« Paradoxe inestimable que je n'aurais pu rêver de rencontrer... Toi, le seul, l'unique; a faire naitre en moi cette peur irrépressible que j'apprécie tant dans les yeux des autres. Je te hais, je te crains, je te fuis; mais je t'aime, je t'adore, je t'envie. Tu es la pièce manquante de mon puzzle fou et déluré; tu es la lune de mes nuits noir de geais de l'autre côté du monde; le joyau de mon diadème de terreur. La première fois que je t'ai aperçu; j'ai frissonné, éprouvant ce que jamais auparavant que j'avais été en mesure de ressentir : l'horreur, dans son plus simple appareil, sans aucun artifice; celle là même dont je suis la gardienne. Devant toi je m'incline, lasse de courir après les hommes; désireuse de connaitre cette autre folie dont toi seul est le détenteur. »

« Chaque fois que mon esprit vagabonde sur les terres arides et fumantes de ton existence, je sens en moi naitre un regain de frissons... Telle la plus effrayante des ombres de cette nuit éternelle; je ne saurais t'abandonner à la douceur de la solitude. Car j'ai pris pour habitude de déterrer les vieux démons. Tu as peur; ô oui; je la sens, omniprésente et gargantuesque tout autour de toi. Dans tes yeux je peux lire les innombrables questions qui te harponnent opiniâtrement, mais la plus récurrente reste toujours Pourquoi moi ? Pourquoi donc t'ai-je choisi(e), toi... Mais parce que tu me fascines mon enfant ! Tu es l'équation de mon propre enfer ! Et s'il faut te faire mourir une seconde fois pour parvenir à la résoudre, alors je lècherais mes doigts maculés de carmin avec une satisfaction sans borne; car tu es ma tendre obsession... »