« Once upon a time ... / Envy is here.

La voix retentit, imposant d’elle-même le silence dans la salle. Redressant fièrement la tête, j’obtempérais à l’ordre. Debout, silencieuse et resplendissante, je me permis même un petit sourire condescendant. Qui devint infiniment moqueur lorsque mon regard croisa celui du juge. Mais que croyait-il ? Que j’allais me mettre à pleurer, ou que j’allais craquer ? Et bien il se trompait. Jamais je ne m’étais comportée de la sorte, cela n’allait pas commencer maintenant. Non. Aussi me contentais-je de ce petit sourire qui me convenait tant. Je ne voulais pas faire plus, cela aurait été inutile. Déjà, tout les regards étaient tournés vers moi. On me fixait, me dévisageait, comme si j’étais un monstre, une abomination, une pécheresse. Et je devais avouer que tout cela était vrai. J’avais commis des actes ignobles, mais qui me paraissaient tout juste potable. Après tout, j’aurai pu faire bien pire. Mais non. Ici, j’étais telle une pestiférée, et on me traitait de malade, de psychopathe. Des mots bien scientifiques dans la bouche de ces politiciens qui me paraissaient plus intéressé par l’argent que par la justice. Quelle honte ..

Mon sourire ne s’évapora pas. En deux phrases, cet homme, abject, venait de résumer l’histoire de ma vie. Mon histoire. Pitoyable. Je n’étais rien. Mais j’étais bien plus .. J’étais celle à qui personne ne pouvait résister. Celle qui avait entraîné bien plus d’hommes dans son lit que ne l’avaient fait toutes les femmes réunies dans la salle du tribunal. Une croqueuse d’homme. Et une voleuse, complice d’un meurtrier, et tueuse elle-même. Je préférais ma description, c’était un fait. Parce que cette description était celle qui j’avais créée seule. Elle ne parlait pas de mes parents, ni de ma ville, ni de .. C’était moi, entièrement et complètement. Un reflet de l’image qui m’était prévue à la naissance. C’était parfait. Ou presque. Je n’aurais jamais dû me retrouver ici, debout au milieu de cette salle, souriant à ceux qui allaient causer ma perte. Mais qu’importe. Je ne voulais pas mourir. Pourtant, j’assumais. Que pouvais-je faire d’autre ? Rien. Ou pas grand-chose. Et je n’avais pas envie de lutter de cette manière. Encore une fois, je ferais cela à ma façon. J’affronterais les jugements du peuple avec fierté et orgueil. Comme d’habitude ..

Silence. Toutes ces personnes étaient là, dans la salle. Un cri. Kresch, j’en étais certaine. Il était heureux, heureux que je sois enfermée. Que je sois jugée. Tournant la tête avec une lenteur calculée, je lui adressai un regard sulfureux et un sourire coquin. Après tout, il ne pouvait être plus heureux que lorsqu’il avait partagé mon lit. Le chanceux.